Exposition

Torques et compagnie

  • Exposition Torques et compagnie

    Quelques torques des nécropoles de la Marne conservés au musée du vin de Champagne et d’Archéologie régionale de la ville d’Epernay, Ve au IIIe siècle avant notre ère. © Cliché Bibracte, A. Maillier / Musée d’Epernay.

     

     

    Cent ans d’archéologie des gaulois dans les collections du musée d’Epernay

    D’abord convoités pour leurs qualités antiques et esthétiques, les torques, ces colliers rigides caractéristiques, faits de bronze ou d’or, tout comme les fibules, ces broches indispensables à maintenir les étoffes, les bracelets ou encore les armes mis au jour en Champagne sont rapidement considérés comme des indices incontournables pour concevoir la chronologie de l’âge du Fer européen.

    Replacées dans leur contexte de découverte, à l’échelle de la tombe, du site ou du territoire des Celtes de Champagne et d’Europe, parures, armes mais aussi céramiques se révèlent alors utiles non seulement pour comprendre l’organisation des sociétés de l’âge du Fer et pour cerner leur répartition géographique ou les échanges qui le lient mais encore pour discuter leur évolution au fil des siècles.

    L’exposition « Torques et compagnie » propose de suivre collectionneurs et fouilleurs, conservateurs et chercheurs qui, depuis plus d’un siècle, ont consigné et commenté leurs découvertes pour esquisser les contours des Gaulois en Champagne. Fruit de cette riche histoire, le musée du Vin de Champagne et d’archéologie régionale de la Ville d’Epernay conserve aujourd’hui plus de 100 000 objets et des milliers de documents d’archives. C’est parce qu’il est actuellement soumis à un ambitieux programme de rénovation que ses collections sont exceptionnellement disponibles pour une exposition itinérante.

    Pour sa deuxième étape au musée du Pays Châtillonnais - Trésor de Vix, l’exposition déploie près de 350 objets et documents, dont certains inédits, pour raconter, à travers le regard porté par quelques-unes de ses figures emblématiques, une histoire de l’archéologie des Gaulois en Champagne.

    Une exposition produite par Bibracte en partenariat avec le musée du Vin de Champagne et d’Archéologie régionale de la Ville d'Epernay, et avec la collaboration du Laténium (Suisse).

    Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.

  • Torques et Cie

    « Vase-canard ». Saint-Memmie (Marne). Ve siècle avant notre ère. © Cliché Bibracte, A. Maillier / Musée d’Epernay.

    Des Gaulois dans la craie

    Sous ses étendues cultivées bordées à l’ouest par le vignoble et les plaines de la Brie, au nord-est par les reliefs boisés des Ardennes et au sud par le plateau de Langres, la Champagne « crayeuse » fournit aux vestiges du passé des conditions de conservation exceptionnelles. Le contraste de couleurs et de textures de la terre noire sur la craie blanche facilite aussi la détection des vestiges archéologiques qui révèlent une occupation humaine plusieurs fois millénaire, étonnamment dense à l’âge du Fer, l’époque des Gaulois.

  • Torques et Cie

    Torques, bracelets, fibules, anneaux, perles, pointes de lance et de flèches. Etrechy (Marne). Âge du Fer, Antiquité, Moyen âge, XIXe siècle. Collection Lefèvre, première collection archéologique donnée à la ville d’Epernay en 1893. © Cliché Bibracte, A. Maillier / Musée d’Epernay.

    XVIIIe et XIXe siècles : retours au sources

    Notables collectionneurs et paysans fouilleurs

    Effleurée dès le XVIIIe siècle, l’archéologie champenoise connaît un extraordinaire essor à partir des années 1860. De nombreuses nécropoles celtiques sont découvertes au gré des explorations de paysans désoeuvrés ou de riches notables passionnés d’antiquités, stimulés par l’attrait du bel objet. Torques, fibules, épées et poignards de la Marne alimentent de prestigieuses collections privées, immortalisées par des Albums richement illustrés, sortes de musées de papier. Ils contribuent aussi à donner naissance au Musée des Antiquités nationales et aux musées locaux comme ceux de Reims et de Châlons-en-Champagne. C’est à la fin du XIXe siècle que les objets emblématiques des Gaulois sont clairement identifiés, à l’image du torque, ce collier rigide en bronze ou en or dont le nom est hérité des auteurs antiques et les collections champenoises servent de référence aux plus grands savants d’Europe pour élaborer une chronologie fine de l’âge du Fer.

  • Torques et Cie

    Planche de l’album manuscrit de Léon Bérard représentant les découvertes de la nécropole des Grandes-Loges, « Les Mortes Vaches » (Marne). Vers 1914.

    1900-1940 : Un essor inattendu

    Favret, l’abbé archéologue

    Au début du XXe siècle, l’abbé Favret s’impose comme explorateur infatigable des nécropoles celtiques des environs d’Epernay et de Châlons. Entre 1910 et 1914, l’abbé fouille plus de 600 tombes gauloises, en compagnie du peintre Amaury Thiérot et du capitaine Léon Bérard. Ce dernier met à profit son sens de l’observation aiguisé et la rigueur de ses notes prises sur le terrain. Dans une Champagne ravagée par la guerre, Favret poursuit ses recherches. En 1923, il découvre une vaste nécropole à Chouilly, au lieu-dit « Les Jogasses ». Favret y distingue deux groupes de sépultures, dont l’un livre des objets plus anciens que ceux des nécropoles marniennes connues jusqu’alors. Cette découverte donne un tour nouveau à la carrière de Favret et à la compréhension des sociétés qui peuplaient la Champagne il y a 2500 ans. 

  • Torques et Cie

    Torques en bronze, fibules, pendeloque, bracelets et boucles d’oreille en bronze, perles en verre bleu, vases en céramique de la tombe 56 de Villeneuve-Renneville, « Le Mont Gravet » (Marne). Première moitié du Ve siècle avant notre ère. © Cliché Bibracte, A. Maillier / Musée d’Epernay.

     

    1930-1970 : Le temps de grands décapages

    Le tandem André Brisson – André Loppin

    La génération suivante est marquée par la contribution remarquable d’André Brisson, agriculteur passionné d’archéologie, qui explore pendant 40 ans les terres de Champagne. Avec André Loppin, ce virtuose du maniement de la sonde et de l’interprétation des vestiges fouille des nécropoles déjà connues et en dévoile de nouvelles. Il pratique le décapage intégral de plusieurs d’entres elles, comme à Villeneuve-Renneville, à Villeseneux, à Fère-Champenoise, ce qui lui permet d’analyser finement l’organisation des espaces funéraires. Brisson étudie la répartition géographique des torques et en conclut que chaque peuple gaulois se distinguait par des modèles spécifiques : torques à tampons chez les Rèmes, torques à décor « ternaire » pour les Tricasses et les Sénons. Il s’intéresse aussi aux vestiges d’habitat ignorés jusqu’alors et met en lumière les objets du quotidien.

    Au fil de ses fouilles, il rassemble plus de 10 000 objets, d’abord exposés chez lui à Ecury-le-Repos. Déposés au musée d’Epernay, ils sont finalement achetés en 1951 par l’Etat et la municipalité d’Epernay pour garantir leur conservation sur place.

  • Torques et Cie

    Vases ornés de peinture ou au poinçon provenant de Villeneuve-Renneville, « Le Mont Gravet » et d’Avize, « Les Hauts Némerys ». Première moitié du Ve siècle avant notre ère. © Cliché Bibracte, A. Maillier / Musée d’Epernay.

    1970-2000 : Nouvelles dynamiques archéologiques en Champagne

    Compagnons de route de Brisson pour ses dernières fouilles et la préparation de la réouverture du musée d’Epernay, Jean-Jacques Hatt, conservateur et universitaire à Strasbourg, et Pierre Roualet, instituteur natif d’Epernay, mènent avec ténacité la reprise de la documentation accumulée et la publication des fouilles anciennes. Ils réexaminent les collections à l’aune des résultats de fouilles récentes, discutent les calages chronologiques et accueillent une nouvelle génération de chercheurs. Les céramiques notamment sont au coeur des préoccupations : l’étude de leur décor, de leur répartition géographique et des techniques de fabrication révèle à la fois l’originalité des artisans gaulois et les influences qu’ils reçoivent de Méditerranée.

     

  • Torques et Cie

    Tombe du prince de Lavau en cours de fouille. Au centre d’un tumulus de 40 m de diamètre et d’une chambre funéraire de 14 m2, le défunt arbore torque et bracelets en or. À ses pieds, un exceptionnel chaudron en bronze et d’autres pièces de vaisselle précieuse © Denis Gliksman, Inrap.

     

    2000-2017 : Contrepoints contemporains

    Le parcours de l’exposition est ponctué par l’évocation de découvertes très récentes qui, sur le terrain ou en laboratoire, apportent un nouvel éclairage sur les collections anciennes du musée d’Epernay.

    Depuis 15 ans, le développement de l’archéologie préventive multiplie en effet les opportunités d’explorer les vestiges du passé et de préciser l’organisation des sociétés de l’âge du Fer. Les campagnes de la Champagne celte dévoilent par exemple un maillage serré et évolutif de fermes.

    À la périphérie de Troyes (Aube), le domaine funéraire champenois s’enrichit lui aussi, de la découverte à Lavau, par l’Inrap, d’une exceptionnelle tombe princière qui met en évidence l’existence d’une aristocratie inconnue jusqu’alors en Champagne. Char, bijoux en or et luxueuses pièces de vaisselle méditerranéennes permettent d’attribuer au « prince de Lavau » un prestige bien supérieur à celui des défunts déjà richement parés des cimetières de la Marne.

    Enfin, de nouvelles études lancées sur les collections du musée dans le cadre du chantier de préparation de sa réouverture, donnent accès à des informations insoupçonnées conservées dans les objets, telles les céramiques qui, derrière leur apparence commune, livrent les secrets de la cervoise gauloise à qui sait lire l’altération de leur paroi.

     

  • Exposition Torques et compagnie
    Cent ans d’archéologie des gaulois dans les collections du musée d’Epernay
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    Des Gaulois dans la craie
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    XVIIIe et XIXe siècles : retours au sources
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    1900-1940 : Un essor inattendu
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    1930-1970 : Le temps de grands décapages
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    1970-2000 : Nouvelles dynamiques archéologiques en Champagne
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    2000-2017 : Contrepoints contemporains