Rencontre
Pendant plusieurs jours, les chercheuses de l’équipe suisse du PCR (Programme Collectif de Recherche) « Vix et son environnement » ont travaillé au musée sur l’étude des objets issus des fouilles de 2013 à 2016. Nous avons rencontré Alexandra Winkler et son équipe.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur le PCR « Vix et son environnement » ?
Le PCR est une coopération internationale sous l’égide des Français puisque les fouilles ont lieu sur le territoire français. Cependant, elle inclut des équipes qui proviennent de toute l’Europe : une équipe allemande, une équipe autrichienne et une équipe suisse. C’est une fouille qu’on appelle « programmée », qu’on peut opposer aux fouilles préventives qu’on met en place avant de construire un bâtiment et où le patrimoine culturel est en danger. Une fouille programmée fonctionne différemment, puisqu’elle concerne le patrimoine qui n’est pas en danger. On fait alors de la recherche scientifique sur un territoire donné. Un PCR peut avoir des thématiques très différentes, par exemple régionales ou suprarégionales, et il en existe plusieurs en France. Ici il s’agit de faire avancer la recherche sur le site princier lui même, mais aussi de mieux comprendre son interaction avec son environnement direct.
Combien de personnes travaillent sur ce projet ?
C’est très varié selon les années, étant donné qu’il y a différentes équipes. On a les chercheurs eux-mêmes, mais il y a aussi des étudiants, qui font par exemple leurs premières fouilles, ou au contraire qui se perfectionnent dans l’archéologie. C’est une composition qui est un peu hétérogène. Il me semble qu’en 2013, une 60aine de personnes ont travaillé sur ce projet, mais les chercheurs n’étaient qu’une petite dizaine. C’est un programme qui consiste toujours en 4 semaines de fouilles en été, et le nombre de participants varie en fonction des semaines.
Depuis combien de temps participez-vous à ce projet ?
Personnellement je participe à ce PCR depuis 4 ans, mais l’Université de Zurich est active depuis 2009. Entre 2009 et 2013 c’est mon prédécesseur qui a dirigé les fouilles de notre équipe, et depuis 2013 c’est moi.
Qu’avez-vous fait comme études pour en arriver là ?
J’ai fait un cursus universitaire assez classique en Suisse à Lausanne, là d’où je viens. J’ai d’abord fait un Bachelor en archéologie, en géographie et en histoire ancienne. Ensuite j’ai fait un Master en archéologie et en géographie. Ma spécialité c’est l’âge du fer en général et le Hallstatt (premier âge du fer) en particulier, bien que les problématiques lausannoises ne soient pas très axées sur cette période là. Après mes études j’ai été embauchée comme assistante scientifique à l’Université de Zurich, où je travaille depuis maintenant 4 ans.
Pouvez-vous m’expliquer rapidement en quoi consiste votre travail ?
Notre travail demande d’élucider une problématique de recherche. Ici c’est l’habitat intra-muros, ce qui signifie l’habitat à l’intérieur des murs du site princier, donc l’habitat interne. Nous nous sommes concentrés sur la pente nord-est du mont Lassois, en coopération avec l’équipe autrichienne qui s'intéresse quant à elle aux fortifications. Maintenant, nous en sommes à la préparation avant publication. Durant ces 4 années de fouilles, nous avons trouvé non seulement des structures archéologiques, mais aussi beaucoup de mobilier. Tout ne mérite pas d’avoir une place au musée mais tout mérite d’avoir au moins une légère documentation, et c’est ce que nous faisons ici. La documentation c’est le fait de photographier l’objet, le dessiner et d’en faire une description, un inventaire. Cette base documentaire va nous servir à faire ce qu’on appelle l’étude, donc à essayer d’en tirer des informations et des interprétations archéologiques sur la société. Ce qui nous intéresse en l’occurrence ce sont les gens qui habitaient le site princier, mais pas ceux qui étaient dans les palais. Dans ce cadre là, nous sommes en train d’étudier le mobilier trouvé durant les fouilles de 2013 à 2016. En 4 ans nous avons fouillé seulement 220m2 du site car il y avait beaucoup de couches et de structures qui étaient en place et qui méritaient une fouille fine.
Quels types de découvertes avez-vous fait durant ces fouilles ?
Nous avons trouvé de la céramique, dont l’étude est faite par Stephanie Hug qui est étudiante en Master. Il y a aussi la faune, c'est à dire les ossements de faune, en général les restes de boucherie et de consommation d’animaux, dont l’étude est aussi faite par une étudiante en Master qui se trouve actuellement à Zurich. On trouve ensuite le « petit mobilier », mais je crois que c’est une expression très germanique, qui inclut le mobilier métallique (en bronze et en fer), le mobilier en terre cuite et le mobilier en pierre.
Votre métier a t-il évolué avec l’informatique ?
Actuellement c’est l’effervescence de l’informatique et la thématique préférée des archéologues c’est la 3D. Personne dans notre équipe n’est qualifié pour réaliser ce genre de choses, alors nous avons décidé de nous limiter aux technologies que l’on maîtrise bien. Judith Bucher, qui est graphiste pour l’Université de Zurich, s’occupe donc de photographier nos découvertes et de les dessiner.
Illustrations ci-contre, de haut en bas : Alexandra Winkler, Stephanie Hug et Judith Bucher
© Musée du Pays Châtillonnais - Trésor de Vix